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Les remparts de Arles
L'Antiquité de Arles - Des origines mythologiques
Arles, comme toutes les cités nobles et déchues qui n'ont plus que leur passé pour se consoler du présent, a toujours été très jalouse et très glorieuse d'une origine qu'on est obligé de rechercher jusque dans les temps mythologiques les plus reculés. La géologie, science exacte, qui croit avoir retrouvé toutes les dates de la création sur Terre, peut donner la clef de quelques-unes des fables arlésiennes, mais on doit quand même mentionner quelques-unes de ces énigmes symboliques tout en se référant aux savants pour en connaitre le fin mot de l'histoire.
Le légende d'Héraclès
Une partie du territoire d'Arles, la Craü, est une vaste plaine de galets roulés, comme les cailloux que l'on trouve sur certaines plages de la Durance. Héraclès (le nom grec de Hercule) revenant d'Ibérie, où il était allé enlever les génisses de Géryon, fut arrêté dans la plaine d'Arles par deux géants nommés Albion et Bergion, les fils de Poséidon (dieu de la mer).
Ayant épuisé contre eux toutes ses flèches, il invoqua Zeus, qui, pour écraser les adversaires de son fils, fit pleuvoir une grêle de cailloux. Tel est le mythe raconté par Pomponius Mela, le plus ancien des géographes romains.
La science moderne, sans vouloir faire un quelconque affront à cet illustre personnage, a décidé qu'un cataclysme des premiers Ages de la création du monde a réellement produit ce dépôt diluvien, qui existe également dans plus d'une autre vallée de la Durance et du Rhône. Tout parait donc s'expliquer par la science jusqu'à ce qu'en 1845, une dent de requin fut découverte dans les roches calcaires des environs d'Arles. Elle atteste, entre autres signes analogues, que Poséidon y résidait bien autrefois avec ses fils, les deux Titans, dont l'aîné se réfugia peut-être dans l'île qui porte encore son nom. La mer s'étant retirée, il ne reste aujourd'hui de l'île que ce qui s'appelle le Plateau d'Albion.
Les Ligures
Quelques auteurs grecs et latins se contentent de faire attaquer Hercule par les Celto-Ligures, peuples qui seraient étrangers à la nation gauloise, mais qui, venus dans les Gaules par l'Espagne cinq ou six siècles avant l'ère chrétienne, y avaient adopté les moeurs des Gaulois primitifs et embrassé aussi la religion druidique. Il reste de ces premiers habitants de la région, sans doute les fondateurs d'Arles, un monument druidique, singulière construction souterraine, pratiquée dans la colline de Cordes, à une courte distance de la ville, et que les locaux appellent encore le Trou des Fées.
Selon une opinion controversée, le nom même d'Arles ne serait que la contraction des deux mots ar et laith qui, dans la langue celtique signifiaient lieu humide, comme si les Ligures eussent été obligés de conquérir sur les eaux une partie de son territoire pour l'habiter. A cette étymologie gauloise quelques-uns préfèrent l'étymologie latine d'Ara lata (large autel), parce que les Romains y trouvèrent un autel, consacré à la Diane d'Éphèse par les Grecs.
Les grecs ?
Les Grecs appelaient Arles « la fertile » ; mais quel établissement y firent-ils ? On l'ignore. Il n'y a rien de grec à Arles que quelques mots de l'ancien idiome. L'origine des jeux athlétiques de la course, de la lutte et du saut ; celle de la farandoule, cette danse populaire qu'on vous représente sur les vases antiques, et quelques autres usages, pourraient bien remonter à une colonisation grecque.
L'institution, longtemps conservée, d'une reine du printemps, la Maïa, cette déesse annuelle, qui présidait aux jeux de mai, avait la même source. On peut donc, sans risquer une fiction classique improbable, s'imaginer, que lorsque le beau théâtre, édifié à Arles par les Romains, et faussement attribué aux Grecs, initia les habitants des bords du Rhône à la noble poésie de Sophocle et à ces plaisanteries salées d'Aristophane, qui devaient charmer plus encore l'Arlésien, de tout temps un peu frondeur. Cette belle langue réveilla un ancien écho grec sous le portique dont il reste encore debout deux élégantes colonnes en marbre d'Afrique ; mais il faut rejeter comme un roman sans authenticité ces amours de Protys, le roi grec de Marseille, avec la fille de Senanus, le roi gaulois d'Arles. Quelques Grecs de Marseille avaient bien pu se mêler à la population ligure, lorsque Marius vint en Provence combattre les Cimbres et y créer les premiers monuments de la puissance romaine ; mais ce sont ces monuments de Marius qui prêtent enfin des dates historiques à l'antiquité d'Arles.
La colonisation romaine
Le général Caius Marius
A la Craü, la plaine pierreuse de la fertile Théline, et aux autres parties du territoire, la rencontre des derniers flots du Rhône avec ceux de la mer avait fini par ajouter une lie d'alluvion annuellement agrandie par les délaissements de la Méditerranée, que le fleuve repoussait ainsi vers le golfe de Lion. La navigation des embouchures était sans doute dangereuse du temps de Marius, comme elle l'est encore quelquefois de nos jours. Le général romain Caius Marius, rappelé d'Afrique par Rome, voulant faciliter à son armée le transport des vivres qui lui étaient amenés par mer, éluda l'obstacle de la barre du Rhône, en faisant creuser ce canal latéral qui porta longtemps le nom de Fosse Mariane. L'île Arlésienne, la Camargue, s'appela aussi le Champ de Marius (Caii Marii ager) ; mais ce nom de Camargue qui se retrouve dans la langue espagnole pourrait bien avoir une étymologie plus moderne que cette contraction prétendue des noms de Marius. (Notez bien les lettres que j'ai mis en gras dans le mot Caii Marii ager).
Jules César
Statue de César
Après Marius, Arles reçut la visite de Jules César en personne, en l'an 49 avant J.-C.
Il raconte dans ses Commentaires (De bello civili, liv.1 §.36) qu'il y fit construire douze « vaisseaux longs » (naves longoe) pour l'aider à soumettre Marseille. On suppose que ça pouvait être soit des bâtiments de guerre, soit seulement des bâtiments de transport. Arles rivalisait donc déjà avec Marseille par son importance politique, son commerce et ses chantiers de construction navale.
César, reconnaissant de son secours, lui attribua les privilèges d'une colonie avec le prénom de Julia (COLONIA JULIA PATBRNA ARELATENSIS), et y établit les vétérans de la sixième légion ; car Rome savait parfaitement prodiguer à ses alliés des honneurs intéressés.
Seulement deux colonies furent établies en Gaule par Jules César : Arles et Narbonne.
L'ascendant de la civilisation romaine ne tarda pas à l'emporter à Arles sur les moeurs gauloises. Les légionnaires y firent venir leurs familles ; des architectes et des sculpteurs romains y apportèrent les arts de Rome. La physionomie de la ville des Ligures changea complétement, grâce aux temples et aux palais qui l'embellirent, grâce aussi aux remparts et aux tours qui la fortifièrent. Elle changea tellement qu'elle fut surnommée la Rome des Gaules : Gallula Roma Arelas.
Faut-il s'étonner, si, lorsque Constantin voulut abandonner la Rome italienne, pour transporter la Capitale de l'Empire sur les bords de l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), il hésita quelque temps entre la Gaule et l'Asie, entre Arles et Byzance. Constantin y venait volontiers comme dans une ville bien-aimée ; il y donna des jeux publics dans l'amphithéâtre, et bâtit un pont de pierre sur le Rhône. Son fils aîné, Constantin II, y naquit en 316.
Il y avait un palais à Arles, celui de la Trouille, qui servit encore, plus tard, de résidence comtale. C'est dans cette résidence impériale que Maximien, toujours tourmenté par une ambition inquiète, avait conspiré contre les jours de son gendre Constantin ; c'était là qu'au milieu de la nuit il s'était dirigé vers sa couche pour le poignarder, et qu'il avait été surpris au moment où il venait de frapper l'eunuque qu'on avait substitué à l'Empereur : affreux dénouement de cette querelle de famille dont les diverses péripéties réunissent tous les éléments des plus sombres conceptions de Shakespeare et d'Agatha Christie.
Arles, outre les avantages de sa situation, avait sans doute un autre titre aux yeux de Constantin : c'était une des premières villes de l'empire qui eussent embrassé la foi chrétienne. La tradition prétend que l'église d'Arles avait été fondée par Trophyme, un des disciples des apôtres, qui est resté son patron spécial après avoir été son premier évêque. Le premier et peut-être le plus solennel concile de l'Occident fut tenu à Arles, en 314 : n'est-ce pas un témoignage que la ville aimée de l'empereur converti était, en effet, celle où les chefs de l'Église pouvaient se croire dans une enceinte toute chrétienne ? Ce fameux concile, dans lequel on condamna les Donatistes, commença la série de vingt assemblées du même genre, que l'Église devait successivement convoquer à Arles, et dont les travaux appartiennent exclusivement à l'histoire ecclésiastique.
Cependant, à Arles comme partout, les monuments du paganisme survécurent quelque temps encore au paganisme abandonné ; monuments vides, mais debout, protégés par la vieille gloire de Rome, dernière superstition du monde encore romain. Jusqu'au Ve siècle, Arles resta la fille adoptive de la ville éternelle, parée comme sa mère d'un amphithéâtre sur le modèle du Colysée, pour les combats de gladiateurs ; d'un théâtre pour les jeux scéniques, digne de celui de Marcellus ; d'un cirque, d'un palais impérial, de thermes publics, d'arcs-de-triomphe, d'un obélisque égyptien, de colonnes, de temples, et d'autres édifices groupés autour de son forum.
La partie des remparts et les tours dans le voisinage de Notre-Dame de la Major sont évidemment de l'époque de Jules César. Constantin bâtit un pont sur le Rhône et étendit cette ville sur les deux rives du fleuve. Ca faisait de Arles la maîtresse du Rhône.
La croix chrétienne planait sur tous ces chefs-d'oeuvre de l'art architectural, qui convenaient si bien à une cité reconnue encore, en 418, pour la métropole des Gaules, ainsi que l'atteste cet édit d'Honorius du mois de mai, qui y convoqua la fédération administrative et l'assemblée annuelle des sept provinces du midi de la Gaule, en proclamant les avantages matériels de la colonie de Jules César. Ca faisait de Arles la Capitale incontestée de tout le sud de la Gaule. Mais, avant que ce siècle soit écoulé, l'ère des ruines commence à Arles.
L'empire romain avait, dans son système de conquêtes continues, une telle puissance d'assimilation, que ses membres les plus éloignés, vivant tous de la vie commune, résistaient, encore par leurs propres forces à l'invasion des Barbares, alors même que la résistance faiblissait déjà au coeur et à la tête du colosse énervé. Les remparts de Arles bravèrent, quelque temps, l'invasion des Ostrogoths et des Wisigoths ; ce fut l'empereur Zénon lui-même qui la céda, en 480, à Odoacre, roi des Ostrogoths ; lequel, à son tour, la céda à Euric, roi des Wisigoths. Euric eut bientôt à défendre la ville contre les Francs, qui, sous Chlodwig, s'étaient établis au nord de la Loire. Les Bourguignons, quant à eux, avaient établi leur royaume le long du Rhône depuis Lyon jusqu'à la Durance.
Après avoir vaincu Alaric, le roi des Wisigoths, Clovis, roi des francs, s'approche de Arles jusqu'à Tarascon en 507.
Les Francs, unis aux Bourguignons, firent le siège de Arles en 510 et furent repoussés ; puis, en 531, les Francs vainquirent les Ostrogoths, et Childebert, reconnu souverain de la France méridionale, crut imiter glorieusement les Empereurs, en présidant des jeux à la romaine dans l'amphithéâtre de la Rome des Gaules.
En 562, le partage de l'empire des Francs entre les enfants de Clotaire (mort à Compiègne) fit échoir Arles à Gontran, qui eut à la défendre contre une irruption des Goths d'Espagne. Pendant le VIe et le VIIe siècles, ce furent les Sarrasins qui, tantôt par mer, tantôt par terre, quelquefois par terre et par mer en même temps, envahirent la Gaule méridionale. Arles devint la proie de ces païens qu'on accuse de la dilapidation de ses monuments antiques, mais que nous serions tentés de justifier, car un autre fanatisme avait devancé le leur : celui des chrétiens eux-mêmes.
Dès le Ve siècle, un prêtre nommé Cyrille, lequel dans les monuments de l'architecture et de la sculpture dont le génie de Rome avait doté Arles ne voyait que les oeuvres du démon, en avait provoqué le renversement et la destruction par une prédication violente. Les Sarrasins, qui s'emparèrent d'Arles, n'y trouvèrent donc plus que les ruines de ces édifices et de ces statues qu'on veut qu'ils aient brisés ou incendiés. Pourquoi auraient-ils été plus barbares en Provence qu'en Espagne, où ils avaient introduit une civilisation élégante à la suite de la conquête ?
Les Sarrasins n'étaient pas venus sur les bords du Rhône pour y camper, mais pour y faire un établissement et étendre de là leur domination sur toutes les Gaules. Charles Martel le comprit ainsi, et n'attendit pas qu'ils eussent passé la Loire pour insurger contre eux toutes les populations soumises aux rois francs. Il les battit une première fois, en 732, et entra victorieux à Arles. Après son départ, en 736, Mauronte, gouverneur
général de Provence, se ligua avec les Sarrasins, leur livra Avignon et Arles, et leur ouvrit la navigation du Rhône. Charles-Martel les battit une seconde fois, en 737 et en mourant il recommanda à son fils Pépin de les expulser ou de les exterminer ; recommandation que Pépin suivit à la lettre.
Ce fut Iousouf Ben Abd-el-Rhaman qui faillit être le premier calife d'une dynastie musulmane à Arles, où il croyait pouvoir régner avec l'assentiment de la noblesse du pays, fort peu reconnaissante à Charles Martel de ses victoires. Ce prince arabe avait transformé l'amphithéâtre en Casauba ou palais fortifié. Soit qu'il eût posé lui-même sur ce monument les tours qui dominent encore ses arceaux, soit que ces tours qui n'ont rien de mauresque eussent été érigées contre lui, elles sont souvent citées comme les témoins de pierre de la domination sarrasine, et elles prêtent au Colysée arlésien un caractère unique entre tous les édifices du même genre. Etonnante ruine, qui porte fièrement cette superstructure pittoresque, après avoir été dégradée et mutilée dans ses fondations, dans ses galeries, dans ses arcades, dans ses pilastres. dans tous les détails en un mot de sa vaste circonférence ; car, après la guerre, l'amphithéâtre fut livré à cette population rustique dont la guerre avait sans doute démoli les demeures champêtres. Nos avons vu dans notre enfance, au milieu de cette arène romaine, toute une ville du moyen age, assez mal alignée, avec ses rues et sa place publique. Des masures s'étaient les unes appuyées, les autres suspendues aux larges pierres des gradins intérieurs, creusant leurs cheminées sous les voûtes supérieures, et transformant en étables ou en caves quelques-unes des galeries inférieures, qui avaient autrefois servi de cages aux bêtes féroces.
Pendant le règne de Charlemagne, les Sarrasins n'osèrent plus reparaître dans le Midi de la France, quoique Arioste fasse combattre sous les remparts d'Arles le neveu du grand Empereur, ce preux Roland, dont la redoutable épée occit ces païens par milliers. En 850, sous les enfants de Louis-le-Débonnaire, ils firent une descente en Camargue ; mais, trahis par les difficultés de l'embouchure du Rhône, ils se virent réduits à échouer sur la côte, et les paysans les massacrèrent, en conservant leurs chevaux qui devinrent ainsi le haras primitif de cette race de chevaux barbes, dont la robe presque invariablement blanche contraste avec la race du taureau noir qui pait avec elle dans les marécages de la Camargue. Cinq ans après, les Normands entrent par le Rhône et s'aventurèrent aussi en Camargue, mais ils ne purent y prolonger leur invasion et ils n'y laissèrent pas de chevaux.
Du partage des états de l'empereur Lothaire entre ses fils, en 855, sortit le royaume appelé successivement royaume de Bourgogne, royaume de Provence et royaume d'Arles, dont Charles-le-Chauve s'empara, en 861. Ce prince, en 878, avait nommé au gouvernement des provinces méridionales de son empire le duc Boson, son beau-frère, que d'autres alliances rendaient le seigneur le plus puissant de ce temps-là ; si puissant qu'il osa se faire déférer une couronne par un concile, et que Charles se vit dans l'impossibilité de s'y opposer, quoique Boson fit hommage de ses états à l'empereur d'Allemagne. Les rois de France considérèrent cet hommage à l'empereur d'Allemagne comme un crime de félonie. Par cet hommage, Arles, capitale des états du nouveau souverain, se trouva détachée de la nationalité française, et ralliée à l'espèce de fédération que formèrent peu à peu toutes les municipalités d'origine romaine. Quant à la dynastie de Boson, telles furent les vicissitudes de sa succession, qu'elle ne put créer entre les princes et les sujets ces intérêts communs qui fondent peu à peu les traditions monarchiques d'un pays. L'indépendance de toute souveraineté étrangère n'eût pas été moins indispensable à ces princes, pour prendre racine dans le sol.
L'empereur d'Allemagne affecta toujours de regarder les rois d'Arles comme des vicaires impériaux. Vainement Boson avait multiplié les fiefs dans son royaume, pour se donner une cour féodale ; vainement ses successeurs maintinrent cette noblesse avec ses privilèges, et lui reconnurent, comme aux dignitaires de Pépin, une espèce de droit d'élection à leur avènement : la royauté d'Arles, au lieu de grandir et de se fortifier, vit croitre à côté d'elle une puissance plus nationale qu'elle, celle des comtes de Provence ; puissance primitivement déléguée par les rois, mais qui se rendit bientôt héréditaire et indépendante comme celle des comtes de Toulouse et des comtes de Barcelone, avec lesquels de fréquentes alliances matrimoniales furent contractées.
La domination des empereurs d'Allemagne, plutôt nominative que réelle, continua jusqu'au XIIIe siècle, c'est-à-dire, jusqu'au moment où la ville d'Arles, secouant une souveraineté nominative et sans puissance réelle, s'érigea en république.
Il raconte dans ses Commentaires (De bello civili, liv.1 §.36) qu'il y fit construire douze « vaisseaux longs » (naves longoe) pour l'aider à soumettre Marseille. On suppose que ça pouvait être soit des bâtiments de guerre, soit seulement des bâtiments de transport. Arles rivalisait donc déjà avec Marseille par son importance politique, son commerce et ses chantiers de construction navale.
César, reconnaissant de son secours, lui attribua les privilèges d'une colonie avec le prénom de Julia (COLONIA JULIA PATBRNA ARELATENSIS), et y établit les vétérans de la sixième légion ; car Rome savait parfaitement prodiguer à ses alliés des honneurs intéressés.
Seulement deux colonies furent établies en Gaule par Jules César : Arles et Narbonne.
La civilisation romaine à Arles sous Constantin-le-Grand
L'ascendant de la civilisation romaine ne tarda pas à l'emporter à Arles sur les moeurs gauloises. Les légionnaires y firent venir leurs familles ; des architectes et des sculpteurs romains y apportèrent les arts de Rome. La physionomie de la ville des Ligures changea complétement, grâce aux temples et aux palais qui l'embellirent, grâce aussi aux remparts et aux tours qui la fortifièrent. Elle changea tellement qu'elle fut surnommée la Rome des Gaules : Gallula Roma Arelas.
Faut-il s'étonner, si, lorsque Constantin voulut abandonner la Rome italienne, pour transporter la Capitale de l'Empire sur les bords de l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), il hésita quelque temps entre la Gaule et l'Asie, entre Arles et Byzance. Constantin y venait volontiers comme dans une ville bien-aimée ; il y donna des jeux publics dans l'amphithéâtre, et bâtit un pont de pierre sur le Rhône. Son fils aîné, Constantin II, y naquit en 316.
Il y avait un palais à Arles, celui de la Trouille, qui servit encore, plus tard, de résidence comtale. C'est dans cette résidence impériale que Maximien, toujours tourmenté par une ambition inquiète, avait conspiré contre les jours de son gendre Constantin ; c'était là qu'au milieu de la nuit il s'était dirigé vers sa couche pour le poignarder, et qu'il avait été surpris au moment où il venait de frapper l'eunuque qu'on avait substitué à l'Empereur : affreux dénouement de cette querelle de famille dont les diverses péripéties réunissent tous les éléments des plus sombres conceptions de Shakespeare et d'Agatha Christie.
Une ville majeure de la chrétienté
Arles, outre les avantages de sa situation, avait sans doute un autre titre aux yeux de Constantin : c'était une des premières villes de l'empire qui eussent embrassé la foi chrétienne. La tradition prétend que l'église d'Arles avait été fondée par Trophyme, un des disciples des apôtres, qui est resté son patron spécial après avoir été son premier évêque. Le premier et peut-être le plus solennel concile de l'Occident fut tenu à Arles, en 314 : n'est-ce pas un témoignage que la ville aimée de l'empereur converti était, en effet, celle où les chefs de l'Église pouvaient se croire dans une enceinte toute chrétienne ? Ce fameux concile, dans lequel on condamna les Donatistes, commença la série de vingt assemblées du même genre, que l'Église devait successivement convoquer à Arles, et dont les travaux appartiennent exclusivement à l'histoire ecclésiastique.
Cependant, à Arles comme partout, les monuments du paganisme survécurent quelque temps encore au paganisme abandonné ; monuments vides, mais debout, protégés par la vieille gloire de Rome, dernière superstition du monde encore romain. Jusqu'au Ve siècle, Arles resta la fille adoptive de la ville éternelle, parée comme sa mère d'un amphithéâtre sur le modèle du Colysée, pour les combats de gladiateurs ; d'un théâtre pour les jeux scéniques, digne de celui de Marcellus ; d'un cirque, d'un palais impérial, de thermes publics, d'arcs-de-triomphe, d'un obélisque égyptien, de colonnes, de temples, et d'autres édifices groupés autour de son forum.
La partie des remparts et les tours dans le voisinage de Notre-Dame de la Major sont évidemment de l'époque de Jules César. Constantin bâtit un pont sur le Rhône et étendit cette ville sur les deux rives du fleuve. Ca faisait de Arles la maîtresse du Rhône.
La croix chrétienne planait sur tous ces chefs-d'oeuvre de l'art architectural, qui convenaient si bien à une cité reconnue encore, en 418, pour la métropole des Gaules, ainsi que l'atteste cet édit d'Honorius du mois de mai, qui y convoqua la fédération administrative et l'assemblée annuelle des sept provinces du midi de la Gaule, en proclamant les avantages matériels de la colonie de Jules César. Ca faisait de Arles la Capitale incontestée de tout le sud de la Gaule. Mais, avant que ce siècle soit écoulé, l'ère des ruines commence à Arles.
Les grandes invasions
La chute de l'empire romain
L'empire romain avait, dans son système de conquêtes continues, une telle puissance d'assimilation, que ses membres les plus éloignés, vivant tous de la vie commune, résistaient, encore par leurs propres forces à l'invasion des Barbares, alors même que la résistance faiblissait déjà au coeur et à la tête du colosse énervé. Les remparts de Arles bravèrent, quelque temps, l'invasion des Ostrogoths et des Wisigoths ; ce fut l'empereur Zénon lui-même qui la céda, en 480, à Odoacre, roi des Ostrogoths ; lequel, à son tour, la céda à Euric, roi des Wisigoths. Euric eut bientôt à défendre la ville contre les Francs, qui, sous Chlodwig, s'étaient établis au nord de la Loire. Les Bourguignons, quant à eux, avaient établi leur royaume le long du Rhône depuis Lyon jusqu'à la Durance.
Les Francs
Après avoir vaincu Alaric, le roi des Wisigoths, Clovis, roi des francs, s'approche de Arles jusqu'à Tarascon en 507.
Les Francs, unis aux Bourguignons, firent le siège de Arles en 510 et furent repoussés ; puis, en 531, les Francs vainquirent les Ostrogoths, et Childebert, reconnu souverain de la France méridionale, crut imiter glorieusement les Empereurs, en présidant des jeux à la romaine dans l'amphithéâtre de la Rome des Gaules.
Les Sarrasins
En 562, le partage de l'empire des Francs entre les enfants de Clotaire (mort à Compiègne) fit échoir Arles à Gontran, qui eut à la défendre contre une irruption des Goths d'Espagne. Pendant le VIe et le VIIe siècles, ce furent les Sarrasins qui, tantôt par mer, tantôt par terre, quelquefois par terre et par mer en même temps, envahirent la Gaule méridionale. Arles devint la proie de ces païens qu'on accuse de la dilapidation de ses monuments antiques, mais que nous serions tentés de justifier, car un autre fanatisme avait devancé le leur : celui des chrétiens eux-mêmes.
Dès le Ve siècle, un prêtre nommé Cyrille, lequel dans les monuments de l'architecture et de la sculpture dont le génie de Rome avait doté Arles ne voyait que les oeuvres du démon, en avait provoqué le renversement et la destruction par une prédication violente. Les Sarrasins, qui s'emparèrent d'Arles, n'y trouvèrent donc plus que les ruines de ces édifices et de ces statues qu'on veut qu'ils aient brisés ou incendiés. Pourquoi auraient-ils été plus barbares en Provence qu'en Espagne, où ils avaient introduit une civilisation élégante à la suite de la conquête ?
Les Sarrasins n'étaient pas venus sur les bords du Rhône pour y camper, mais pour y faire un établissement et étendre de là leur domination sur toutes les Gaules. Charles Martel le comprit ainsi, et n'attendit pas qu'ils eussent passé la Loire pour insurger contre eux toutes les populations soumises aux rois francs. Il les battit une première fois, en 732, et entra victorieux à Arles. Après son départ, en 736, Mauronte, gouverneur
général de Provence, se ligua avec les Sarrasins, leur livra Avignon et Arles, et leur ouvrit la navigation du Rhône. Charles-Martel les battit une seconde fois, en 737 et en mourant il recommanda à son fils Pépin de les expulser ou de les exterminer ; recommandation que Pépin suivit à la lettre.
Ce fut Iousouf Ben Abd-el-Rhaman qui faillit être le premier calife d'une dynastie musulmane à Arles, où il croyait pouvoir régner avec l'assentiment de la noblesse du pays, fort peu reconnaissante à Charles Martel de ses victoires. Ce prince arabe avait transformé l'amphithéâtre en Casauba ou palais fortifié. Soit qu'il eût posé lui-même sur ce monument les tours qui dominent encore ses arceaux, soit que ces tours qui n'ont rien de mauresque eussent été érigées contre lui, elles sont souvent citées comme les témoins de pierre de la domination sarrasine, et elles prêtent au Colysée arlésien un caractère unique entre tous les édifices du même genre. Etonnante ruine, qui porte fièrement cette superstructure pittoresque, après avoir été dégradée et mutilée dans ses fondations, dans ses galeries, dans ses arcades, dans ses pilastres. dans tous les détails en un mot de sa vaste circonférence ; car, après la guerre, l'amphithéâtre fut livré à cette population rustique dont la guerre avait sans doute démoli les demeures champêtres. Nos avons vu dans notre enfance, au milieu de cette arène romaine, toute une ville du moyen age, assez mal alignée, avec ses rues et sa place publique. Des masures s'étaient les unes appuyées, les autres suspendues aux larges pierres des gradins intérieurs, creusant leurs cheminées sous les voûtes supérieures, et transformant en étables ou en caves quelques-unes des galeries inférieures, qui avaient autrefois servi de cages aux bêtes féroces.
Le règne de Charlemagne
Pendant le règne de Charlemagne, les Sarrasins n'osèrent plus reparaître dans le Midi de la France, quoique Arioste fasse combattre sous les remparts d'Arles le neveu du grand Empereur, ce preux Roland, dont la redoutable épée occit ces païens par milliers. En 850, sous les enfants de Louis-le-Débonnaire, ils firent une descente en Camargue ; mais, trahis par les difficultés de l'embouchure du Rhône, ils se virent réduits à échouer sur la côte, et les paysans les massacrèrent, en conservant leurs chevaux qui devinrent ainsi le haras primitif de cette race de chevaux barbes, dont la robe presque invariablement blanche contraste avec la race du taureau noir qui pait avec elle dans les marécages de la Camargue. Cinq ans après, les Normands entrent par le Rhône et s'aventurèrent aussi en Camargue, mais ils ne purent y prolonger leur invasion et ils n'y laissèrent pas de chevaux.
Le royaume d'Arles
Du partage des états de l'empereur Lothaire entre ses fils, en 855, sortit le royaume appelé successivement royaume de Bourgogne, royaume de Provence et royaume d'Arles, dont Charles-le-Chauve s'empara, en 861. Ce prince, en 878, avait nommé au gouvernement des provinces méridionales de son empire le duc Boson, son beau-frère, que d'autres alliances rendaient le seigneur le plus puissant de ce temps-là ; si puissant qu'il osa se faire déférer une couronne par un concile, et que Charles se vit dans l'impossibilité de s'y opposer, quoique Boson fit hommage de ses états à l'empereur d'Allemagne. Les rois de France considérèrent cet hommage à l'empereur d'Allemagne comme un crime de félonie. Par cet hommage, Arles, capitale des états du nouveau souverain, se trouva détachée de la nationalité française, et ralliée à l'espèce de fédération que formèrent peu à peu toutes les municipalités d'origine romaine. Quant à la dynastie de Boson, telles furent les vicissitudes de sa succession, qu'elle ne put créer entre les princes et les sujets ces intérêts communs qui fondent peu à peu les traditions monarchiques d'un pays. L'indépendance de toute souveraineté étrangère n'eût pas été moins indispensable à ces princes, pour prendre racine dans le sol.
L'empereur d'Allemagne affecta toujours de regarder les rois d'Arles comme des vicaires impériaux. Vainement Boson avait multiplié les fiefs dans son royaume, pour se donner une cour féodale ; vainement ses successeurs maintinrent cette noblesse avec ses privilèges, et lui reconnurent, comme aux dignitaires de Pépin, une espèce de droit d'élection à leur avènement : la royauté d'Arles, au lieu de grandir et de se fortifier, vit croitre à côté d'elle une puissance plus nationale qu'elle, celle des comtes de Provence ; puissance primitivement déléguée par les rois, mais qui se rendit bientôt héréditaire et indépendante comme celle des comtes de Toulouse et des comtes de Barcelone, avec lesquels de fréquentes alliances matrimoniales furent contractées.
La domination des empereurs d'Allemagne, plutôt nominative que réelle, continua jusqu'au XIIIe siècle, c'est-à-dire, jusqu'au moment où la ville d'Arles, secouant une souveraineté nominative et sans puissance réelle, s'érigea en république.
Les origines de la ville
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 12-06-2019
Mise à jour de la description le 12-06-2019
Une ruelle à Arles
A quelle altitude se trouve Arles ?
Sachant qu'Arles est bâtie sur une colline rocheuse et non sur un terrain plat, il n'y aura pas une altitude mais bien plusieurs. Tous les points de la ville ne se trouvent pas à la même hauteur et il suffit de faire le tour des arènes à pieds pour s'en rendre compte. La photo de cette ruelle escarpée prouve bien que Arles est une ville bâtie sur une colline. Mais il y a peut-être un moyen d'en savoir un peu plus. Il existe dans la ville des repères topographiques sous forme de petites plaques de bronze fixées dans les parties basses des murs des anciennes rues de la ville. Ces plaques ont une taille d'environ 10 x 20 cm et l'on peut y lire :
Une rapide enquête dans le centre ville permettent de retrouver huit de ces plaques dont voici le détail :
Hôtel de la poste : Repère n°5 - Altitude 10,50 m
9 rue J. Jaurès : Repère n°6 - Altitude 13,50 m
rue Docteur Fanton : Repére n°11 - Altitude 9,20 m
salle J. & P. Dedieu : Repère n°14 - Altitude 12,20 m
Entrée du Théâtre Antique : Repère n'22 - Altitude 22,80 m
rue Sénebier , angle du quai du Rhône : Repère n°34 - Altitude 7,10 m
Escalier du jardin d'été, rue Vauban : Repère n'39 - Altitude 22,30 m
Plan de la Cour, à côté de la Librairie du Palais : Repère n°? - Altitude 14,00 m
Il existe donc près de 14 mètres de dénivelé entre les points extrêmes actuellement retrouvés. Une quarantaine de ces plaques avaient été posées. Les bombardement de 1944 en ont détruit une partie et les travaux de restauration en ont fait disparaître quelques autres.
D'après les recherches de Pierre Neri
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 05-11-2017
Mise à jour de la description le 05-11-2017
Restaurant à Arles
Il existe de très nombreux restaurants typiques en Arles. Je vous conseille d'y déguster un steak de taureau de Camargue !
Pour manger du très bon taureau camarguais je vous conseille L'Andaluz qui est un restaurant de cuisine traditionnelle à Arles. Dans ce restaurant provençal, qui se trouve juste en face des arènes, vous retrouverez une ambiance très conviviale et d'excellents petits plats traditionnels pour un budget très minime. Ce restaurant est ouvert toute l'année, j'y suis allé au mois de février 2013 et je me suis régalé avec le taureau que je goutais pour la première fois.
L'hostellerie des Arènes, sur la photo, est un autre très bon restaurant de la ville de Arles. Le cadre y est sympathique et il est très bien situé avec une très belle vue sur les arènes. Mais l'accueil y est parfois un peu froid et il ne semble pas être ouvert toute l'année.
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 27-04-2014
Mise à jour de la description le 27-04-2014
Arènes d'Arles
L'Amphithéâtre, les ruines du théâtre antique, celles du forum, des aqueducs , des égouts, du palais de Constantin (château de la Trouille) sont, indépendamment du musée lapidaire, les principaux et les plus précieux restes à Arles de l'antiquité romaine... Mais à quelle époque et sous quel empereur ces monuments ont-ils été édifiés ?
Les questions sur la date précise de ces divers monuments sont difficiles à résoudre, parce que les inscriptions qui devaient la conserver, gravées sur le bronze, ont été enlevées par l'avidité des conquérants barbares qui, partout, à Rome comme à Arles, arrachaient les métaux qui servaient, non seulement à orner les édifices mais même parfois à les consolider.
Si la tradition attribue à Constantin Le-Grand, au IVe siècle de l'ère chrétienne, siècle de décadence pour les arts, la construction du château de la Trouille dont la brique romaine indestructible compose les massifs, si les ruines de ce monument existent à l'appui de cette tradition, il faut reconnaître en même temps que les constructions de l'amphithéâtre, du théâtre, des aqueducs et des égouts sont antérieures au siècle de Constantin, datent des premiers empereurs et remontent vraisemblablement au siècle d'Auguste.
Dans ces divers monuments d'Arles de l'époque romaine, les architectes primitifs ont employé ces pierres de grand appareil, ces dalles puissantes que l'on retrouve aux monuments de la république romaine ou du siècle d'Auguste, notamment à l'aqueduc ou Pont du Gard, la merveille du Languedoc.
Or, ces pierres de grand appareil sont une date et fixent l'époque de César ou d'Auguste ; plus tard, on employa la brique. Ainsi, la brique, excepté pour les revêtements et les arcades, compose, à Rome, les massifs du Colisée ou amphithéâtre flavien qui fut commencé par Vespasien et achevé par Titus qui en fit la dédicace en l'an 80 de l'ère chrétienne.
Arles et Nîmes étaient également deux colonies militaires ; ces cités voisines furent certainement civilisées et occupées par les Romains presqu'en même temps, et dans les deux cités les monuments romains sont de la même époque. Or, l'histoire, des médailles et des inscriptions fixent la date des monuments de Nîmes au siècle d'Auguste, fils de César. A Nîmes, une inscription sur la Porte d'Auguste donne pour date de la construction des murs de Nîmes, la huitième année de la puissance tribunitienne d'Auguste. A Nîmes encore, la Maison-Carrée a été dédiée à Caius et Lucius César, fils d'Auguste ; consuls désignés, princes de la jeunesse. Dans le voisinage de Nîmes enfin, au Pont du Gard, une inscription a permis d'attribuer l'honneur de cette magnifique construction à Agrippa, gendre d'Auguste, en l'an 735 de Rome, 19 ans avant la naissance de Jésus-Christ. Il ne faut pas le confondre avec l'occultiste Agrippa.
Ainsi, les principaux monuments de l'antiquité romaine à Nîmes sont du siècle d'Auguste ; mais c'est certainement à la même époque et dans le même siècle que la civilisation romaine a pris possession de la cité d'Arles, même antérieurement, puisque Arles reçut, dès les premières expéditions de Jules César dans la Gaule, une colonie de la sixième légion. Peut-on en douter si l'on considère qu'Arles, au point de vue stratégique et militaire, assurait à ce grand homme de guerre les communications par la mer entre la métropole de l'empire et ses colonies dans la Gaule méridionale. C'est donc aussi à la même époque que les légionnaires d'Auguste ont dû édifier à Arles les principaux monuments de l'époque romaine, l'amphithéâtre, le théâtre, le forum, le cirque, les aqueducs et les égouts, ainsi que des arcs de triomphe, nommés admirables par les historiens qui les ont vus, mais dont les restes même ont aujourd'hui entièrement disparu.
Les arènes d'Arles
Les galeries de l'amphithéâtre retentissaient des clameurs et des cris des gladiateurs ou des bestiaires mêlés aux rugissements des bêtes féroces et aux applaudissements de la foule avide de ces spectacles sanguinaires.
Cet amphithéâtre, moins dégradé que la plupart des amphithéâtres d'Italie, beau d'architecture et de masse, est devenu, quant à l'époque de sa fondation, un objet de discussion entre les archéologues. Aucune inscription du monument n'indique cette date ; mais il est vraisemblable que la construction primitive est de l'époque de Jules César, vers la fin de la République romaine, lorsqu'en l'an 39 avant Jésus-Christ, Jules César occupa la cité d'Arles et la transforma en colonie romaine en lui donnant son nom : Colonia Julia Paterna Arelatensis. Cette opinion est justifiée par l'architecture sévère et la masse imposante de l'édifice, par les pierres de grand appareil de ses substructions et constructions, par les pierres employées dans les beaux édifices de cette époque, par l'analogie et la similitude de l'architecture d'autres monuments d'Arles, tels que les aqueducs, les égouts, les restes de fortifications, notamment les tours d'une porte romaine située à l'est de la cité, au point le plus élevé, qui sont évidemment de la colonisation primitive de la cité d'Arles par Jules César.
Les dimensions de cet amphithéâtre pouvaient donner place à vingt-cinq mille spectateurs. Son étendue superficielle est de 11,716 mètres carrés, y compris les constructions. Le diamètre intérieur de l'arène, sur le grand axe, est de 96,40 mètres. L'étendue du grand axe, y compris les constructions, est de 137,20 mètres. L'étendue de son petit axe, à l'intérieur de l'arène, pst de 39 mètres et 63 centimètres. Le monument est formé par deux rangs de portiques en arcades cintrées, à plein jour, superposées ; chaque étage est de soixante portiques. Le premier est dorique, le second est corinthien ; la largeur des arcs est inégale, disposition qui ne peut s'expliquer que par la forme ovale excentrique du monument.
Hauteur du monument, prise en dehors, depuis le sol de la première galerie jusque sur le cerveau des plus hautes arcades : 17 mètres.
Hauteur des arcades supérieures : 7 mètres 65 centimètres.
Hauteur des premières arcades, prise du sol du monument : 6 mètres 45 centimètres.
Largeur des arcades du rez-de-chaussée : 3 mètres 70 centimètres.
Largeur des arcades supérieures : 3 mètres 57 centimètres.
Hauteur de la tour du couchant, y compris celle du monument : 30 mètres.
Largeur de la tour du couchant, y compris les murs : 8 mètres.
Largeur de la porte du nord : 4 mètres 70 cm.
Hauteur des arcades supérieures : 7 mètres 65 centimètres.
Hauteur des premières arcades, prise du sol du monument : 6 mètres 45 centimètres.
Largeur des arcades du rez-de-chaussée : 3 mètres 70 centimètres.
Largeur des arcades supérieures : 3 mètres 57 centimètres.
Hauteur de la tour du couchant, y compris celle du monument : 30 mètres.
Largeur de la tour du couchant, y compris les murs : 8 mètres.
Largeur de la porte du nord : 4 mètres 70 cm.
Si ces chiffres et ces renseignements architectoniques ne donnent qu'une idée imparfaite du monument, ils peuvent du moins en faciliter la comparaison avec les amphithéâtres de Rome, de Vérone et de Nîmes.
L'édifice d'Arles a quatre entrées principales, c'est-à-dire, deux entrées sur le grand axe extérieur, et deux entrées sur le petit axe à l'intérieur de l'arène, distribution assez généralement suivie dans ces édifices.
Ce monument a subi des dégradations et des réparations à diverses époques. Les travaux de déblaiement et de consolidation ont été commencés depuis 1809 et continuent encore avec plus ou moins d'activité. C'est pour préserver le monument des mutilations et des dégradations, qu'on a fermé par des grilles en fer, les vomitoires extérieurs ; mais ces grilles, au lieu d'être posées sur la ligne des arcs extérieurs du rez-de-chaussée et de les fermer, eussent pu l'être autour et sur l'emmarchement du monument, qu'elles isoleraient et protègeraient sans en changer aussi notablement le caractère primitif.
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 05-11-2017
Mise à jour de la description le 05-11-2017
L'église et la colonne
Notre Dame de la Major
Le nom de l'église Notre Dame de la Major à Arles provient de sa situation. En effet, elle se trouve au point culminant de la colline de l'Hauture.
L'église Notre Dame de la Major est à l'origine un temple dédié à la grande déesse Cérés ou à la déesse Cybèle. L'église à remplacé le temple au Ve siècle, mais ce n'est pas l'église que l'on connait aujourd'hui, l'ancienne ayant disparu pendant les siècles d'invasions.
Cette église romane a été édifiée à partir du XIIe siècle mais elle a subit de nombreuses modifications par la suite. Elle conserve le caractère roman de la nef, mais le clocher est plus récent. Il a sans doute été reconstruit suite à un incendie ou un éboulement. Les bombardements de 1944 ont gravement endommagé la structure de l'église Notre Dame de La Major. Elle fait depuis l’objet d'un vaste programme de restaurations.
Voici l'inscription qui était placée sur une pierre de l'église antique Notre-Dame-Ia-Major, bâtie sur l'emplacement d'un temple à la gloire de Cybèle, inscription aujourd'hui pulvérisée :
Elle fut jusqu'à la Révolution Française la plus importante paroisse de la ville d'Arles. Le clocher carré est exhaussé d’une pyramide, surmontée d’une vierge dessinée par Lasalle et sculptée par Cusson.
De nos jours se déroule chaque 1° mai dans cette église des fêtes pour rendre hommage à Saint Georges et faire bénir les chevaux des gardians.
La colonne de la Place de la Major
La colonne ornée de rudentures fut dressée en 1963 sur la place de la Major en l’honneur des poètes Jouse d'Arbaud (1874-1950) et du marquis de Baroncelli-Jaron (1869-1943). Les architecte de cette œuvre commémorative sont Jacques Van Migom et Jean Pélissier. La colonne rudentée est posée sur un piédestal en pierre dont les quatre faces présentent des inscriptions qui sont des dédicaces. Il existe plusieurs autres monuments, disséminées dans le centre-ville, qui constituent un panthéon des grands hommes ayant contribué à la construction de l’identité de la cité arlésienne.
Le texte de Baroncelli-Jaron qui est gravé sur le socle de la colonne est celui-ci :
« Mai tu me ta caro
Enflourado encaro
Dou poutoun di santo au premie matinVaio ma provenco
Canto, espero e penso
Que sies lou signau davans lilatin »
Quant au texte de Jouse D'Arbaud, il s'agit de ce dernier :
« Ma bello racon serquso quao cougreia per mabari inchalento e misteriouso. Un pople d'ome atravali. L'obro es en el flour veici moun amo veiri l'ouro que de mi ramo. L'odours'escampo dins lou ceu. D'ou lausie creis la ligno duro. E renadivo sus l'auturo. Mounto la branco dis aucen. »
La signature des architectes se présente ainsi : Arles é MCMLXIII arch. JVM JP
On raconte que cette colonne serait le reste d'un plus grand nombre qui ornaient le temple de quelque idole païenne, et qu'on avait découvertes près du presbytère de la Major. En 1565, le conseil municipal d'Arles prit la décision déplorable pour les arts de donner à la reine Catherine de Médicis, régente pendant la minorité de Charles II, huit colonnes semblables, des sarcophages de porphyre et d'autres antiquités. Le convoi et tout son contenu périrent dans le Rhône, près de Vienne : il s'y trouve encore.
Notre Dame de La Major
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 12-06-2019
Mise à jour de la description le 12-06-2019
Le clocher
Le Collège Saint Charles à Arles est situé entre le Théâtre Antique et l'Amphithéâtre romain. Son clocher est caractéristique des clochers de style gothique, à tambour octogonal.
Le clocher du Collège Saint Charles constitue le point culminant de la ville d'Arles. Il s'élève à 57 m de hauteur. Il a été inscrit à l'Inventaire des Monuments historiques de 1995 et il a été restauré en 1997.
Le Collège Saint Charles n'a pas toujours été un collège
A son origine, il s'agissait du couvent des Cordeliers (on l'appelle aussi le Couvent des Franciscains). Il témoigne de la présence de l’ordre des Franciscains dans la ville d’Arles.
Au XIVe siècle, comme d’autres communautés religieuses, les franciscains, chassés des quartiers périphériques où régnait l'insécurité, s’installent à l’abri des remparts de leur couvent. L’église fut reconstruite au XVIIIe siècle. Il en reste principalement cette très belle flèche gothique.
L’édifice est maintenant privé. Il abrite un collège privé.
Collège Saint Charles
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 05-11-2017
Mise à jour de la description le 05-11-2017
La tour carrée
Dans les siècles de barbarie, où la guerre était en quelque sorte un état permanent les vastes enceintes antiques, bâties de matériaux solides, durent nécessairement devenir des citadelles importantes dans les mains de quelques aventuriers ou des lieux de refuge et de défense pour les populations surprises à l'improviste par une invasion étrangère.
Les Arènes d'Arles, comme celles de Nîmes, ont soutenu des sièges et en conservent de tristes souvenirs. Quatre hautes tours carrées ont été établies sur le couronnement de l'amphithéâtre, à une époque où l'attique était déjà renversé ; trois de ces tours subsistent encore. On dit que les Arlésiens s'y défendirent avec courage contre les Sarrasins, et qu'ils parvinrent à les repousser.
Le train
Un petit train est mis à la disposition des touristes pour visiter le coeur historique de la ville d'Arles. C'est une manière originale de découvrir la cité antique sans avoir à marcher. Le voyage dure quarante minutes et les commentaires sur les lieux traversés sont prodigués en huit langues différentes par les accompagnateurs.
Le petit train touristique passe à proximité des principaux monuments de la ville d'Arles qui sont :
les arènes
le théâtre antique
le cloître Saint-Trophime
l'église de la Major
les quais du Rhône
les ruelles de la vieille ville
Un casque est mis à la disposition des touristes pour écouter les commentaires historiques dans la langue de son choix au fur et à mesure de l'itinéraire touristique emprunté par le petit train qui plait beaucoup aux enfants.
Les arènes
L'amphithéâtre romain
Les célèbres arènes d'Arles sont un amphithéâtre romain dont la construction remonte à 80 ou 90 après Jésus-Christ. Elles sont le monument le plus important de l'ancienne colonie romaine. L'édifice est vieux de pratiquement deux mille ans, et s'élève toujours fièrement dans la cité d'Arles.
Les arènes ont été conçues pour recevoir un public très nombreux public et des spectacles de grande envergure. Son architecture est entièrement conçue en rapport avec sa vocation de lieu à grands spectacles. Elles ont été largement inspirées par le Colisée de Rome. On y trouve un système d'évacuation via de très nombreux couloirs d'accès, une scène centrale elliptique entourée de gradins. Cet édifice pouvait accueillir 25 000 spectateurs, soit autant qu'un stade de football actuel.
Les combats de gladiateurs
Les spectacles qui s'y déroulent jusqu'à la fin de l'Empire romain accueillent des combats de gladiateurs. En 255 l'empereur Gallus y fait organiser des jeux pharaoniques pour célébrer ses victoires en Gaule. Au début du IVe siècle, c'est l' empereur Constantin qui y fait jouer des grandes chasses et y organise des combats pour fêter la naissance de son fils. L'on sait également que plus tard encore, en 539, le roi de Paris, Childebert, demande à ce que des jeux antiques soient célébrés en sa présence.
Fort heureusement, la tradition de ces jeux barbares, de ces combats à mort, a fini par disparaître. En tout cas pendant de très nombreux siècles. Aujourd'hui, l'amphithéâtre romain est le monument de la ville d'Arles le plus visité. Il est l'emblème d'Arles dans le monde entier, comme Paris peut avoir sa Tour Eiffel. On y donne de nombreux spectacles, des représentations de théâtre, mais aussi des corridas, qui sont en quelque sorte les jeux du cirque modernes.
Des reconstitutions de combats
Si vous désirez revivre le grand frisson des combats de gladiateurs, c'est encore possible aujourd'hui. En effet, durant toute la période estivale, des fondus d'archéologie et d'histoire ancienne mettent en scène des reconstitutions de combats de gladiateurs. Un centre d'entrainement est installé pour les courageux combattants, puis de véritables combats ont lieu dans les arènes, deux fois par semaine. Rassurez-vous, les combattants restent en vie pour la représentation suivante.
Les combats de gladiateurs
Photo publiée le 28-09-2011 par Indigene
Mise à jour de la description le 30-04-2014
Mise à jour de la description le 30-04-2014
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