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Les remparts de Arles
Les remparts de Arles
L'Antiquité de Arles - Des origines mythologiques
Arles, comme toutes les cités nobles et déchues qui n'ont plus que leur passé pour se consoler du présent, a toujours été très jalouse et très glorieuse d'une origine qu'on est obligé de rechercher jusque dans les temps mythologiques les plus reculés. La géologie, science exacte, qui croit avoir retrouvé toutes les dates de la création sur Terre, peut donner la clef de quelques-unes des fables arlésiennes, mais on doit quand même mentionner quelques-unes de ces énigmes symboliques tout en se référant aux savants pour en connaitre le fin mot de l'histoire.
Le légende d'Héraclès
Une partie du territoire d'Arles, la Craü, est une vaste plaine de galets roulés, comme les cailloux que l'on trouve sur certaines plages de la Durance. Héraclès (le nom grec de Hercule) revenant d'Ibérie, où il était allé enlever les génisses de Géryon, fut arrêté dans la plaine d'Arles par deux géants nommés Albion et Bergion, les fils de Poséidon (dieu de la mer).
Ayant épuisé contre eux toutes ses flèches, il invoqua Zeus, qui, pour écraser les adversaires de son fils, fit pleuvoir une grêle de cailloux. Tel est le mythe raconté par Pomponius Mela, le plus ancien des géographes romains.
La science moderne, sans vouloir faire un quelconque affront à cet illustre personnage, a décidé qu'un cataclysme des premiers Ages de la création du monde a réellement produit ce dépôt diluvien, qui existe également dans plus d'une autre vallée de la Durance et du Rhône. Tout parait donc s'expliquer par la science jusqu'à ce qu'en 1845, une dent de requin fut découverte dans les roches calcaires des environs d'Arles. Elle atteste, entre autres signes analogues, que Poséidon y résidait bien autrefois avec ses fils, les deux Titans, dont l'aîné se réfugia peut-être dans l'île qui porte encore son nom. La mer s'étant retirée, il ne reste aujourd'hui de l'île que ce qui s'appelle le Plateau d'Albion.
Les Ligures
Quelques auteurs grecs et latins se contentent de faire attaquer Hercule par les Celto-Ligures, peuples qui seraient étrangers à la nation gauloise, mais qui, venus dans les Gaules par l'Espagne cinq ou six siècles avant l'ère chrétienne, y avaient adopté les moeurs des Gaulois primitifs et embrassé aussi la religion druidique. Il reste de ces premiers habitants de la région, sans doute les fondateurs d'Arles, un monument druidique, singulière construction souterraine, pratiquée dans la colline de Cordes, à une courte distance de la ville, et que les locaux appellent encore le Trou des Fées.
Selon une opinion controversée, le nom même d'Arles ne serait que la contraction des deux mots ar et laith qui, dans la langue celtique signifiaient lieu humide, comme si les Ligures eussent été obligés de conquérir sur les eaux une partie de son territoire pour l'habiter. A cette étymologie gauloise quelques-uns préfèrent l'étymologie latine d'Ara lata (large autel), parce que les Romains y trouvèrent un autel, consacré à la Diane d'Éphèse par les Grecs.
Les grecs ?
Les Grecs appelaient Arles « la fertile » ; mais quel établissement y firent-ils ? On l'ignore. Il n'y a rien de grec à Arles que quelques mots de l'ancien idiome. L'origine des jeux athlétiques de la course, de la lutte et du saut ; celle de la farandoule, cette danse populaire qu'on vous représente sur les vases antiques, et quelques autres usages, pourraient bien remonter à une colonisation grecque.
L'institution, longtemps conservée, d'une reine du printemps, la Maïa, cette déesse annuelle, qui présidait aux jeux de mai, avait la même source. On peut donc, sans risquer une fiction classique improbable, s'imaginer, que lorsque le beau théâtre, édifié à Arles par les Romains, et faussement attribué aux Grecs, initia les habitants des bords du Rhône à la noble poésie de Sophocle et à ces plaisanteries salées d'Aristophane, qui devaient charmer plus encore l'Arlésien, de tout temps un peu frondeur. Cette belle langue réveilla un ancien écho grec sous le portique dont il reste encore debout deux élégantes colonnes en marbre d'Afrique ; mais il faut rejeter comme un roman sans authenticité ces amours de Protys, le roi grec de Marseille, avec la fille de Senanus, le roi gaulois d'Arles. Quelques Grecs de Marseille avaient bien pu se mêler à la population ligure, lorsque Marius vint en Provence combattre les Cimbres et y créer les premiers monuments de la puissance romaine ; mais ce sont ces monuments de Marius qui prêtent enfin des dates historiques à l'antiquité d'Arles.
La colonisation romaine
Le général Caius Marius
A la Craü, la plaine pierreuse de la fertile Théline, et aux autres parties du territoire, la rencontre des derniers flots du Rhône avec ceux de la mer avait fini par ajouter une lie d'alluvion annuellement agrandie par les délaissements de la Méditerranée, que le fleuve repoussait ainsi vers le golfe de Lion. La navigation des embouchures était sans doute dangereuse du temps de Marius, comme elle l'est encore quelquefois de nos jours. Le général romain Caius Marius, rappelé d'Afrique par Rome, voulant faciliter à son armée le transport des vivres qui lui étaient amenés par mer, éluda l'obstacle de la barre du Rhône, en faisant creuser ce canal latéral qui porta longtemps le nom de Fosse Mariane. L'île Arlésienne, la Camargue, s'appela aussi le Champ de Marius (Caii Marii ager) ; mais ce nom de Camargue qui se retrouve dans la langue espagnole pourrait bien avoir une étymologie plus moderne que cette contraction prétendue des noms de Marius. (Notez bien les lettres que j'ai mis en gras dans le mot Caii Marii ager).
Jules César
Statue de César
Après Marius, Arles reçut la visite de Jules César en personne, en l'an 49 avant J.-C.
Il raconte dans ses Commentaires (De bello civili, liv.1 §.36) qu'il y fit construire douze « vaisseaux longs » (naves longoe) pour l'aider à soumettre Marseille. On suppose que ça pouvait être soit des bâtiments de guerre, soit seulement des bâtiments de transport. Arles rivalisait donc déjà avec Marseille par son importance politique, son commerce et ses chantiers de construction navale.
César, reconnaissant de son secours, lui attribua les privilèges d'une colonie avec le prénom de Julia (COLONIA JULIA PATBRNA ARELATENSIS), et y établit les vétérans de la sixième légion ; car Rome savait parfaitement prodiguer à ses alliés des honneurs intéressés.
Seulement deux colonies furent établies en Gaule par Jules César : Arles et Narbonne.
L'ascendant de la civilisation romaine ne tarda pas à l'emporter à Arles sur les moeurs gauloises. Les légionnaires y firent venir leurs familles ; des architectes et des sculpteurs romains y apportèrent les arts de Rome. La physionomie de la ville des Ligures changea complétement, grâce aux temples et aux palais qui l'embellirent, grâce aussi aux remparts et aux tours qui la fortifièrent. Elle changea tellement qu'elle fut surnommée la Rome des Gaules : Gallula Roma Arelas.
Faut-il s'étonner, si, lorsque Constantin voulut abandonner la Rome italienne, pour transporter la Capitale de l'Empire sur les bords de l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), il hésita quelque temps entre la Gaule et l'Asie, entre Arles et Byzance. Constantin y venait volontiers comme dans une ville bien-aimée ; il y donna des jeux publics dans l'amphithéâtre, et bâtit un pont de pierre sur le Rhône. Son fils aîné, Constantin II, y naquit en 316.
Il y avait un palais à Arles, celui de la Trouille, qui servit encore, plus tard, de résidence comtale. C'est dans cette résidence impériale que Maximien, toujours tourmenté par une ambition inquiète, avait conspiré contre les jours de son gendre Constantin ; c'était là qu'au milieu de la nuit il s'était dirigé vers sa couche pour le poignarder, et qu'il avait été surpris au moment où il venait de frapper l'eunuque qu'on avait substitué à l'Empereur : affreux dénouement de cette querelle de famille dont les diverses péripéties réunissent tous les éléments des plus sombres conceptions de Shakespeare et d'Agatha Christie.
Arles, outre les avantages de sa situation, avait sans doute un autre titre aux yeux de Constantin : c'était une des premières villes de l'empire qui eussent embrassé la foi chrétienne. La tradition prétend que l'église d'Arles avait été fondée par Trophyme, un des disciples des apôtres, qui est resté son patron spécial après avoir été son premier évêque. Le premier et peut-être le plus solennel concile de l'Occident fut tenu à Arles, en 314 : n'est-ce pas un témoignage que la ville aimée de l'empereur converti était, en effet, celle où les chefs de l'Église pouvaient se croire dans une enceinte toute chrétienne ? Ce fameux concile, dans lequel on condamna les Donatistes, commença la série de vingt assemblées du même genre, que l'Église devait successivement convoquer à Arles, et dont les travaux appartiennent exclusivement à l'histoire ecclésiastique.
Cependant, à Arles comme partout, les monuments du paganisme survécurent quelque temps encore au paganisme abandonné ; monuments vides, mais debout, protégés par la vieille gloire de Rome, dernière superstition du monde encore romain. Jusqu'au Ve siècle, Arles resta la fille adoptive de la ville éternelle, parée comme sa mère d'un amphithéâtre sur le modèle du Colysée, pour les combats de gladiateurs ; d'un théâtre pour les jeux scéniques, digne de celui de Marcellus ; d'un cirque, d'un palais impérial, de thermes publics, d'arcs-de-triomphe, d'un obélisque égyptien, de colonnes, de temples, et d'autres édifices groupés autour de son forum.
La partie des remparts et les tours dans le voisinage de Notre-Dame de la Major sont évidemment de l'époque de Jules César. Constantin bâtit un pont sur le Rhône et étendit cette ville sur les deux rives du fleuve. Ca faisait de Arles la maîtresse du Rhône.
La croix chrétienne planait sur tous ces chefs-d'oeuvre de l'art architectural, qui convenaient si bien à une cité reconnue encore, en 418, pour la métropole des Gaules, ainsi que l'atteste cet édit d'Honorius du mois de mai, qui y convoqua la fédération administrative et l'assemblée annuelle des sept provinces du midi de la Gaule, en proclamant les avantages matériels de la colonie de Jules César. Ca faisait de Arles la Capitale incontestée de tout le sud de la Gaule. Mais, avant que ce siècle soit écoulé, l'ère des ruines commence à Arles.
L'empire romain avait, dans son système de conquêtes continues, une telle puissance d'assimilation, que ses membres les plus éloignés, vivant tous de la vie commune, résistaient, encore par leurs propres forces à l'invasion des Barbares, alors même que la résistance faiblissait déjà au coeur et à la tête du colosse énervé. Les remparts de Arles bravèrent, quelque temps, l'invasion des Ostrogoths et des Wisigoths ; ce fut l'empereur Zénon lui-même qui la céda, en 480, à Odoacre, roi des Ostrogoths ; lequel, à son tour, la céda à Euric, roi des Wisigoths. Euric eut bientôt à défendre la ville contre les Francs, qui, sous Chlodwig, s'étaient établis au nord de la Loire. Les Bourguignons, quant à eux, avaient établi leur royaume le long du Rhône depuis Lyon jusqu'à la Durance.
Après avoir vaincu Alaric, le roi des Wisigoths, Clovis, roi des francs, s'approche de Arles jusqu'à Tarascon en 507.
Les Francs, unis aux Bourguignons, firent le siège de Arles en 510 et furent repoussés ; puis, en 531, les Francs vainquirent les Ostrogoths, et Childebert, reconnu souverain de la France méridionale, crut imiter glorieusement les Empereurs, en présidant des jeux à la romaine dans l'amphithéâtre de la Rome des Gaules.
En 562, le partage de l'empire des Francs entre les enfants de Clotaire (mort à Compiègne) fit échoir Arles à Gontran, qui eut à la défendre contre une irruption des Goths d'Espagne. Pendant le VIe et le VIIe siècles, ce furent les Sarrasins qui, tantôt par mer, tantôt par terre, quelquefois par terre et par mer en même temps, envahirent la Gaule méridionale. Arles devint la proie de ces païens qu'on accuse de la dilapidation de ses monuments antiques, mais que nous serions tentés de justifier, car un autre fanatisme avait devancé le leur : celui des chrétiens eux-mêmes.
Dès le Ve siècle, un prêtre nommé Cyrille, lequel dans les monuments de l'architecture et de la sculpture dont le génie de Rome avait doté Arles ne voyait que les oeuvres du démon, en avait provoqué le renversement et la destruction par une prédication violente. Les Sarrasins, qui s'emparèrent d'Arles, n'y trouvèrent donc plus que les ruines de ces édifices et de ces statues qu'on veut qu'ils aient brisés ou incendiés. Pourquoi auraient-ils été plus barbares en Provence qu'en Espagne, où ils avaient introduit une civilisation élégante à la suite de la conquête ?
Les Sarrasins n'étaient pas venus sur les bords du Rhône pour y camper, mais pour y faire un établissement et étendre de là leur domination sur toutes les Gaules. Charles Martel le comprit ainsi, et n'attendit pas qu'ils eussent passé la Loire pour insurger contre eux toutes les populations soumises aux rois francs. Il les battit une première fois, en 732, et entra victorieux à Arles. Après son départ, en 736, Mauronte, gouverneur
général de Provence, se ligua avec les Sarrasins, leur livra Avignon et Arles, et leur ouvrit la navigation du Rhône. Charles-Martel les battit une seconde fois, en 737 et en mourant il recommanda à son fils Pépin de les expulser ou de les exterminer ; recommandation que Pépin suivit à la lettre.
Ce fut Iousouf Ben Abd-el-Rhaman qui faillit être le premier calife d'une dynastie musulmane à Arles, où il croyait pouvoir régner avec l'assentiment de la noblesse du pays, fort peu reconnaissante à Charles Martel de ses victoires. Ce prince arabe avait transformé l'amphithéâtre en Casauba ou palais fortifié. Soit qu'il eût posé lui-même sur ce monument les tours qui dominent encore ses arceaux, soit que ces tours qui n'ont rien de mauresque eussent été érigées contre lui, elles sont souvent citées comme les témoins de pierre de la domination sarrasine, et elles prêtent au Colysée arlésien un caractère unique entre tous les édifices du même genre. Etonnante ruine, qui porte fièrement cette superstructure pittoresque, après avoir été dégradée et mutilée dans ses fondations, dans ses galeries, dans ses arcades, dans ses pilastres. dans tous les détails en un mot de sa vaste circonférence ; car, après la guerre, l'amphithéâtre fut livré à cette population rustique dont la guerre avait sans doute démoli les demeures champêtres. Nos avons vu dans notre enfance, au milieu de cette arène romaine, toute une ville du moyen age, assez mal alignée, avec ses rues et sa place publique. Des masures s'étaient les unes appuyées, les autres suspendues aux larges pierres des gradins intérieurs, creusant leurs cheminées sous les voûtes supérieures, et transformant en étables ou en caves quelques-unes des galeries inférieures, qui avaient autrefois servi de cages aux bêtes féroces.
Pendant le règne de Charlemagne, les Sarrasins n'osèrent plus reparaître dans le Midi de la France, quoique Arioste fasse combattre sous les remparts d'Arles le neveu du grand Empereur, ce preux Roland, dont la redoutable épée occit ces païens par milliers. En 850, sous les enfants de Louis-le-Débonnaire, ils firent une descente en Camargue ; mais, trahis par les difficultés de l'embouchure du Rhône, ils se virent réduits à échouer sur la côte, et les paysans les massacrèrent, en conservant leurs chevaux qui devinrent ainsi le haras primitif de cette race de chevaux barbes, dont la robe presque invariablement blanche contraste avec la race du taureau noir qui pait avec elle dans les marécages de la Camargue. Cinq ans après, les Normands entrent par le Rhône et s'aventurèrent aussi en Camargue, mais ils ne purent y prolonger leur invasion et ils n'y laissèrent pas de chevaux.
Du partage des états de l'empereur Lothaire entre ses fils, en 855, sortit le royaume appelé successivement royaume de Bourgogne, royaume de Provence et royaume d'Arles, dont Charles-le-Chauve s'empara, en 861. Ce prince, en 878, avait nommé au gouvernement des provinces méridionales de son empire le duc Boson, son beau-frère, que d'autres alliances rendaient le seigneur le plus puissant de ce temps-là ; si puissant qu'il osa se faire déférer une couronne par un concile, et que Charles se vit dans l'impossibilité de s'y opposer, quoique Boson fit hommage de ses états à l'empereur d'Allemagne. Les rois de France considérèrent cet hommage à l'empereur d'Allemagne comme un crime de félonie. Par cet hommage, Arles, capitale des états du nouveau souverain, se trouva détachée de la nationalité française, et ralliée à l'espèce de fédération que formèrent peu à peu toutes les municipalités d'origine romaine. Quant à la dynastie de Boson, telles furent les vicissitudes de sa succession, qu'elle ne put créer entre les princes et les sujets ces intérêts communs qui fondent peu à peu les traditions monarchiques d'un pays. L'indépendance de toute souveraineté étrangère n'eût pas été moins indispensable à ces princes, pour prendre racine dans le sol.
L'empereur d'Allemagne affecta toujours de regarder les rois d'Arles comme des vicaires impériaux. Vainement Boson avait multiplié les fiefs dans son royaume, pour se donner une cour féodale ; vainement ses successeurs maintinrent cette noblesse avec ses privilèges, et lui reconnurent, comme aux dignitaires de Pépin, une espèce de droit d'élection à leur avènement : la royauté d'Arles, au lieu de grandir et de se fortifier, vit croitre à côté d'elle une puissance plus nationale qu'elle, celle des comtes de Provence ; puissance primitivement déléguée par les rois, mais qui se rendit bientôt héréditaire et indépendante comme celle des comtes de Toulouse et des comtes de Barcelone, avec lesquels de fréquentes alliances matrimoniales furent contractées.
La domination des empereurs d'Allemagne, plutôt nominative que réelle, continua jusqu'au XIIIe siècle, c'est-à-dire, jusqu'au moment où la ville d'Arles, secouant une souveraineté nominative et sans puissance réelle, s'érigea en république.
Il raconte dans ses Commentaires (De bello civili, liv.1 §.36) qu'il y fit construire douze « vaisseaux longs » (naves longoe) pour l'aider à soumettre Marseille. On suppose que ça pouvait être soit des bâtiments de guerre, soit seulement des bâtiments de transport. Arles rivalisait donc déjà avec Marseille par son importance politique, son commerce et ses chantiers de construction navale.
César, reconnaissant de son secours, lui attribua les privilèges d'une colonie avec le prénom de Julia (COLONIA JULIA PATBRNA ARELATENSIS), et y établit les vétérans de la sixième légion ; car Rome savait parfaitement prodiguer à ses alliés des honneurs intéressés.
Seulement deux colonies furent établies en Gaule par Jules César : Arles et Narbonne.
La civilisation romaine à Arles sous Constantin-le-Grand
L'ascendant de la civilisation romaine ne tarda pas à l'emporter à Arles sur les moeurs gauloises. Les légionnaires y firent venir leurs familles ; des architectes et des sculpteurs romains y apportèrent les arts de Rome. La physionomie de la ville des Ligures changea complétement, grâce aux temples et aux palais qui l'embellirent, grâce aussi aux remparts et aux tours qui la fortifièrent. Elle changea tellement qu'elle fut surnommée la Rome des Gaules : Gallula Roma Arelas.
Faut-il s'étonner, si, lorsque Constantin voulut abandonner la Rome italienne, pour transporter la Capitale de l'Empire sur les bords de l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), il hésita quelque temps entre la Gaule et l'Asie, entre Arles et Byzance. Constantin y venait volontiers comme dans une ville bien-aimée ; il y donna des jeux publics dans l'amphithéâtre, et bâtit un pont de pierre sur le Rhône. Son fils aîné, Constantin II, y naquit en 316.
Il y avait un palais à Arles, celui de la Trouille, qui servit encore, plus tard, de résidence comtale. C'est dans cette résidence impériale que Maximien, toujours tourmenté par une ambition inquiète, avait conspiré contre les jours de son gendre Constantin ; c'était là qu'au milieu de la nuit il s'était dirigé vers sa couche pour le poignarder, et qu'il avait été surpris au moment où il venait de frapper l'eunuque qu'on avait substitué à l'Empereur : affreux dénouement de cette querelle de famille dont les diverses péripéties réunissent tous les éléments des plus sombres conceptions de Shakespeare et d'Agatha Christie.
Une ville majeure de la chrétienté
Arles, outre les avantages de sa situation, avait sans doute un autre titre aux yeux de Constantin : c'était une des premières villes de l'empire qui eussent embrassé la foi chrétienne. La tradition prétend que l'église d'Arles avait été fondée par Trophyme, un des disciples des apôtres, qui est resté son patron spécial après avoir été son premier évêque. Le premier et peut-être le plus solennel concile de l'Occident fut tenu à Arles, en 314 : n'est-ce pas un témoignage que la ville aimée de l'empereur converti était, en effet, celle où les chefs de l'Église pouvaient se croire dans une enceinte toute chrétienne ? Ce fameux concile, dans lequel on condamna les Donatistes, commença la série de vingt assemblées du même genre, que l'Église devait successivement convoquer à Arles, et dont les travaux appartiennent exclusivement à l'histoire ecclésiastique.
Cependant, à Arles comme partout, les monuments du paganisme survécurent quelque temps encore au paganisme abandonné ; monuments vides, mais debout, protégés par la vieille gloire de Rome, dernière superstition du monde encore romain. Jusqu'au Ve siècle, Arles resta la fille adoptive de la ville éternelle, parée comme sa mère d'un amphithéâtre sur le modèle du Colysée, pour les combats de gladiateurs ; d'un théâtre pour les jeux scéniques, digne de celui de Marcellus ; d'un cirque, d'un palais impérial, de thermes publics, d'arcs-de-triomphe, d'un obélisque égyptien, de colonnes, de temples, et d'autres édifices groupés autour de son forum.
La partie des remparts et les tours dans le voisinage de Notre-Dame de la Major sont évidemment de l'époque de Jules César. Constantin bâtit un pont sur le Rhône et étendit cette ville sur les deux rives du fleuve. Ca faisait de Arles la maîtresse du Rhône.
La croix chrétienne planait sur tous ces chefs-d'oeuvre de l'art architectural, qui convenaient si bien à une cité reconnue encore, en 418, pour la métropole des Gaules, ainsi que l'atteste cet édit d'Honorius du mois de mai, qui y convoqua la fédération administrative et l'assemblée annuelle des sept provinces du midi de la Gaule, en proclamant les avantages matériels de la colonie de Jules César. Ca faisait de Arles la Capitale incontestée de tout le sud de la Gaule. Mais, avant que ce siècle soit écoulé, l'ère des ruines commence à Arles.
Les grandes invasions
La chute de l'empire romain
L'empire romain avait, dans son système de conquêtes continues, une telle puissance d'assimilation, que ses membres les plus éloignés, vivant tous de la vie commune, résistaient, encore par leurs propres forces à l'invasion des Barbares, alors même que la résistance faiblissait déjà au coeur et à la tête du colosse énervé. Les remparts de Arles bravèrent, quelque temps, l'invasion des Ostrogoths et des Wisigoths ; ce fut l'empereur Zénon lui-même qui la céda, en 480, à Odoacre, roi des Ostrogoths ; lequel, à son tour, la céda à Euric, roi des Wisigoths. Euric eut bientôt à défendre la ville contre les Francs, qui, sous Chlodwig, s'étaient établis au nord de la Loire. Les Bourguignons, quant à eux, avaient établi leur royaume le long du Rhône depuis Lyon jusqu'à la Durance.
Les Francs
Après avoir vaincu Alaric, le roi des Wisigoths, Clovis, roi des francs, s'approche de Arles jusqu'à Tarascon en 507.
Les Francs, unis aux Bourguignons, firent le siège de Arles en 510 et furent repoussés ; puis, en 531, les Francs vainquirent les Ostrogoths, et Childebert, reconnu souverain de la France méridionale, crut imiter glorieusement les Empereurs, en présidant des jeux à la romaine dans l'amphithéâtre de la Rome des Gaules.
Les Sarrasins
En 562, le partage de l'empire des Francs entre les enfants de Clotaire (mort à Compiègne) fit échoir Arles à Gontran, qui eut à la défendre contre une irruption des Goths d'Espagne. Pendant le VIe et le VIIe siècles, ce furent les Sarrasins qui, tantôt par mer, tantôt par terre, quelquefois par terre et par mer en même temps, envahirent la Gaule méridionale. Arles devint la proie de ces païens qu'on accuse de la dilapidation de ses monuments antiques, mais que nous serions tentés de justifier, car un autre fanatisme avait devancé le leur : celui des chrétiens eux-mêmes.
Dès le Ve siècle, un prêtre nommé Cyrille, lequel dans les monuments de l'architecture et de la sculpture dont le génie de Rome avait doté Arles ne voyait que les oeuvres du démon, en avait provoqué le renversement et la destruction par une prédication violente. Les Sarrasins, qui s'emparèrent d'Arles, n'y trouvèrent donc plus que les ruines de ces édifices et de ces statues qu'on veut qu'ils aient brisés ou incendiés. Pourquoi auraient-ils été plus barbares en Provence qu'en Espagne, où ils avaient introduit une civilisation élégante à la suite de la conquête ?
Les Sarrasins n'étaient pas venus sur les bords du Rhône pour y camper, mais pour y faire un établissement et étendre de là leur domination sur toutes les Gaules. Charles Martel le comprit ainsi, et n'attendit pas qu'ils eussent passé la Loire pour insurger contre eux toutes les populations soumises aux rois francs. Il les battit une première fois, en 732, et entra victorieux à Arles. Après son départ, en 736, Mauronte, gouverneur
général de Provence, se ligua avec les Sarrasins, leur livra Avignon et Arles, et leur ouvrit la navigation du Rhône. Charles-Martel les battit une seconde fois, en 737 et en mourant il recommanda à son fils Pépin de les expulser ou de les exterminer ; recommandation que Pépin suivit à la lettre.
Ce fut Iousouf Ben Abd-el-Rhaman qui faillit être le premier calife d'une dynastie musulmane à Arles, où il croyait pouvoir régner avec l'assentiment de la noblesse du pays, fort peu reconnaissante à Charles Martel de ses victoires. Ce prince arabe avait transformé l'amphithéâtre en Casauba ou palais fortifié. Soit qu'il eût posé lui-même sur ce monument les tours qui dominent encore ses arceaux, soit que ces tours qui n'ont rien de mauresque eussent été érigées contre lui, elles sont souvent citées comme les témoins de pierre de la domination sarrasine, et elles prêtent au Colysée arlésien un caractère unique entre tous les édifices du même genre. Etonnante ruine, qui porte fièrement cette superstructure pittoresque, après avoir été dégradée et mutilée dans ses fondations, dans ses galeries, dans ses arcades, dans ses pilastres. dans tous les détails en un mot de sa vaste circonférence ; car, après la guerre, l'amphithéâtre fut livré à cette population rustique dont la guerre avait sans doute démoli les demeures champêtres. Nos avons vu dans notre enfance, au milieu de cette arène romaine, toute une ville du moyen age, assez mal alignée, avec ses rues et sa place publique. Des masures s'étaient les unes appuyées, les autres suspendues aux larges pierres des gradins intérieurs, creusant leurs cheminées sous les voûtes supérieures, et transformant en étables ou en caves quelques-unes des galeries inférieures, qui avaient autrefois servi de cages aux bêtes féroces.
Le règne de Charlemagne
Pendant le règne de Charlemagne, les Sarrasins n'osèrent plus reparaître dans le Midi de la France, quoique Arioste fasse combattre sous les remparts d'Arles le neveu du grand Empereur, ce preux Roland, dont la redoutable épée occit ces païens par milliers. En 850, sous les enfants de Louis-le-Débonnaire, ils firent une descente en Camargue ; mais, trahis par les difficultés de l'embouchure du Rhône, ils se virent réduits à échouer sur la côte, et les paysans les massacrèrent, en conservant leurs chevaux qui devinrent ainsi le haras primitif de cette race de chevaux barbes, dont la robe presque invariablement blanche contraste avec la race du taureau noir qui pait avec elle dans les marécages de la Camargue. Cinq ans après, les Normands entrent par le Rhône et s'aventurèrent aussi en Camargue, mais ils ne purent y prolonger leur invasion et ils n'y laissèrent pas de chevaux.
Le royaume d'Arles
Du partage des états de l'empereur Lothaire entre ses fils, en 855, sortit le royaume appelé successivement royaume de Bourgogne, royaume de Provence et royaume d'Arles, dont Charles-le-Chauve s'empara, en 861. Ce prince, en 878, avait nommé au gouvernement des provinces méridionales de son empire le duc Boson, son beau-frère, que d'autres alliances rendaient le seigneur le plus puissant de ce temps-là ; si puissant qu'il osa se faire déférer une couronne par un concile, et que Charles se vit dans l'impossibilité de s'y opposer, quoique Boson fit hommage de ses états à l'empereur d'Allemagne. Les rois de France considérèrent cet hommage à l'empereur d'Allemagne comme un crime de félonie. Par cet hommage, Arles, capitale des états du nouveau souverain, se trouva détachée de la nationalité française, et ralliée à l'espèce de fédération que formèrent peu à peu toutes les municipalités d'origine romaine. Quant à la dynastie de Boson, telles furent les vicissitudes de sa succession, qu'elle ne put créer entre les princes et les sujets ces intérêts communs qui fondent peu à peu les traditions monarchiques d'un pays. L'indépendance de toute souveraineté étrangère n'eût pas été moins indispensable à ces princes, pour prendre racine dans le sol.
L'empereur d'Allemagne affecta toujours de regarder les rois d'Arles comme des vicaires impériaux. Vainement Boson avait multiplié les fiefs dans son royaume, pour se donner une cour féodale ; vainement ses successeurs maintinrent cette noblesse avec ses privilèges, et lui reconnurent, comme aux dignitaires de Pépin, une espèce de droit d'élection à leur avènement : la royauté d'Arles, au lieu de grandir et de se fortifier, vit croitre à côté d'elle une puissance plus nationale qu'elle, celle des comtes de Provence ; puissance primitivement déléguée par les rois, mais qui se rendit bientôt héréditaire et indépendante comme celle des comtes de Toulouse et des comtes de Barcelone, avec lesquels de fréquentes alliances matrimoniales furent contractées.
La domination des empereurs d'Allemagne, plutôt nominative que réelle, continua jusqu'au XIIIe siècle, c'est-à-dire, jusqu'au moment où la ville d'Arles, secouant une souveraineté nominative et sans puissance réelle, s'érigea en république.
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