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Maison à colombage à Dijon

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Maison à colombage à Dijon
Dijon est une de nos villes anciennes au caractère historique sauvegardé depuis de nombreuses années. Déjà en 1935, il fut décidé par les autorités compétentes d'établir une carte archéologique de Dijon. Cette carte a été présentée en 1937 et elle a été utile pour le tracés du plan d'aménagement de la ville.

Si on remonte encore plus loin dans l'histoire on arrive aux lois d'urbanisme des 14 mars 1919 et 19 juillet 1924 qui ont été les prémisses du plan d'aménagement de la ville, accompagné d'un programme de servitudes archéologiques et esthétiques.

Un programme de servitudes archéologiques et esthétiques


Des servitudes de cet ordre s'imposent particulièrement à Dijon, cité d'art et d'histoire. Leur but sera d'assurer la sauvegarde et la mise en valeur d'éléments propres à rendre plus sensibles encore, la richesse monumentale, la grandeur historique et l'heureuse situation de la ville. Ces servitudes se décomposent ainsi :
     conservation et restauration d'immeubles anciens,
     protection de sites urbains,
     maintien de perspectives panoramiques,
     aménagement de promenades pittoresques,
     etc.

Tous les acteurs politiques et économiques de l'époque souhaitaient de telles actions. On peut citer notamment l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, la Commission des Antiquités de la
Côte-d'Or, la Commission départementale des monuments naturels et des sites, etc.

Ces servitudes comprenaient :
1°: des servitudes historiques et archéologiques dans le but de protéger les immeubles du Vieux Dijon non classés ni inscrits sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques ;
2°: des servitudes esthétiques pour promouvoir le pittoresque local qui s'appliquaient spécialement à des ensembles architecturaux, à des sites urbains, à des promenades anciennes ;
3°: des servitudes de vue pour ménager des perspectives panoramiques sur la ville depuis les hauteurs environnantes.

Servitudes historiques et Archéologiques


Indépendamment des immeubles classés parmi les monuments historiques — pas moins d'une soixantaine —, ou inscrits sur l'Inventaire supplémentaire — une bonne centaine de monuments et d'immeubles —, figuraient, sur le plan qui a été présenté en 1937, de nombreuses autres catégories d'édifices :
     monuments commémoratifs,
     hôtels parlementaires,
     maisons historiques ou pittoresques,
     façades médiévales avec leurs colombages et leurs encorbellements,
     façades Renaissance avec leurs sculptures à la Sambin,
     tourelles,
     escaliers,
     puits,
     bas-reliefs,
     motifs de sculpture ou d'architecture divers,
     etc.

Cette liste a été dressée aussi complète que possible et les immeubles répartis en deux catégories.

Les immeubles de la première catégorie, au nombre de 140, étaient ceux dont la conservation s'imposait et dont l'entretien ou la restauration devait être surveillés tout particulièrement.

En conséquence, tout projet de transformation, de surélévation, de badigeonnage ou crépissage, toute installation d'objet quelconque sur les façades ou sur les toitures de ces immeubles (enseignes, inscriptions, panneaux, devantures, etc.) devrait faire l'objet, avant toute exécution de travaux, d'une étude spéciale par l'administration municipale. Celle-ci, lorsqu'elle le jugeait utile, prenait l'avis d'une commission extra-municipale du Vieux Dijon reconstituée à cet effet. Les décisions prises à la suite de cette consultation étaient alors notifiées au propriétaire de l'immeuble en cause qui serait tenu de les appliquer lors de l'exécution de ses travaux.

Toutefois, la transformation ou la démolition de ces immeubles pourrait avoir lieu si l'intérêt public l'exigeait ou en cas de destruction accidentelle. Des photographies en seraient alors prises et classées aux archives municipales et les fragments de sculpture ou d'architecture intéressants déposés au musée archéologique après entente avec le propriétaire.

Les immeubles de la deuxième catégorie, au nombre d'une centaine, présentent un intérêt moindre. Pour ceux-ci, l'administration se contentait d'attirer l'attention des propriétaires sur l'opportunité d'une sauvegarde totale ou partielle. S'il était passé outre à cette démarche, l'édifice visé serait alors photographié et certains débris de sculpture ou d'architecture conservés avec l'accord du propriétaire.

Bien entendu, la publicité était sévèrement réglementée sur tous ces immeubles. Seules étaient autorisées la pose de panneaux réclames, la peinture d'inscriptions, l'installation d'enseignes ne concernant que le genre de commerce, d'industrie ou d'affaires établi dans l'immeuble, et à condition que l'esthétique n'ait pas trop à en souffrir.

Servitudes esthétiques et concernant le pittoresque local


Cette question d'esthétique jouait particulièrement dans la conservation d'ensembles architecturaux, de sites urbains caractérisés.

Ensembles architecturaux


Par « ensemble architectural », on entend un groupe d'immeubles non classés présentant des façades identiques, les mêmes toitures, les mêmes motifs d'architecture et de sculpture, dont la construction fit autrefois l'objet de plans nettement définis pour concourir à l'embellissement d'une place ou d'une rue.

Telles se présentent les maisons des Places Saint Bernard et Dupuis, telles les façades sud de la rue Rameau. La Place Saint Bernard et la Place Dupuis, créées en 1847 par l'architecte Léon Lacordaire, déploient en hémicycle leurs façades aux lignes harmonieuses, masquées en partie par de discrets jardinets. L'une sert de cadre à la statue de Saint Bernard, oeuvre du maître Jouffroy, l'autre entoure un jet d'eau pittoresque. Ce sont de véritables zones de verdure à proximité de voies à circulation intense.

Aussi bien importait-il de leur conserver leur cachet en assurant leur sauvegarde intégrale. A cet effet, il était interdit d'édifier en bordure de ces places des immeubles différents de ceux qui existaient et les projets de reconstruction ou même de simple réparation devaient reproduire exactement en implantation, plan,
coupe, élévation et nature de matériaux l'architecture des immeubles et de leurs clôtures.

Les maisons bordant la rue Rameau au sud, depuis la place d'Armes jusqu'à la place Rameau ont été édifiées à la fin du XVe siècle et leurs façades présentent le style de celles de la place d'Armes et de l'ancienne rue Condé (partie de la rue de la Liberté). Cette architecture forme donc un tout homogène, voulu dès l'origine par Hardouin Mansart lui-même et ses successeurs de Noinville et Le Jolivet. Elle serait donc conservée, au rez-de-chaussée et à l'entresol tout du moins, et reproduite exactement en cas de reconstruction, transformation et réparation.

Sites urbains


Par ailleurs, les places Blanqui, Bossuet, Edgar Quinet, Ernest Renan, des Ducs de Bourgogne et François Rude qui entourent ou avoisinent des édifices de premier ordre classés parmi les monuments historiques, les rues Babeuf, de la Verrerie et des Forges bordées de maisons médiévales ou d'hôtels Renaissance constituent de véritables sites urbains dont il y avait lieu de sauvegarder le plus possible l'aspect pittoresque et les lignes harmonieuses.

Outre les servitudes frappant déjà ces immeubles, tout projet de transformation, de reconstruction ou de surélévation devrait, après avoir été étudié par l'administration municipale, être soumis à l'examen de la Commission départementale des sites et les travaux ne pouvaient être exécutés qu'après approbation des projets par celle-ci.

De plus l'affichage, la pose de panneaux, d'affiches et d'écussons-réclames, la peinture d'enseignes ou d'inscriptions publicitaires ne s'appliquant pas au genre de commerce, d'industrie ou d'affaires installé
dans les immeubles bordant ces places ou ces rues seraient interdits sur ceux-ci.

Les autres installations, prévues par le Règlement de voirie, pouvaient avoir lieu à condition qu'elles n'altèrent pas la physionomie d'ensemble du site, la Commission des sites pouvant être utilement consultée en l'occurrence.

Enfin les constructions, reconstructions et surélévations d'immeubles ne pourraient dépasser en hauteur les dimensions permises par le Règlement d'hygiène avec des maximums imposés pour chaque site, en accord avec la Commission des sites.

Le cours du Parc, datant de 1672, et dessiné par le jardinier du Prince de Condé, Dimanche Primard, peut également rentrer dans cette catégorie de sites urbains. Il est classé en 1938 et, de plus, les délibérations du Conseil municipal des 27 août 1867 et 21 décembre 1868 lui assurent une sorte de sauvegarde au point de vue esthétique puisqu'aux termes de celles-ci aucune construction ne peut être édifiée à moins de 15 mètres de ses abords sans que les plans de façade aient été auparavant approuvés par l'administration municipale.

Toutefois, cette zone de 15 mètres s'avère notoirement insuffisante : elle pourrait être portée utilement à 50 mètres. De plus la construction d'immeubles autres que ceux destinés à l'habitation devrait être proscrite. Enfin l'affichage, la pose de panneaux ou d'enseignes-réclames, la peinture d'inscriptions publicitaires étaient interdits dans les terrains et les immeubles ayant accès au cours.

Servitudes de vue


Autrefois les hauteurs environnant Dijon présentaient de nombreux endroits d'où la vue embrassait librement toute l'agglomération avec ses pittoresques panoramas au second plan. Ces belvédères naturels ont, pour la plupart, disparu depuis la guerre par suite du développement considérable de la ville. Il en existe cependant encore quelques-uns qu'il serait opportun de conserver : ceux du Parc des Sports, de la Trouhaude, des Marcs d'Or notamment.

En conséquence, dans les terrains de Montmuzard, à l'est de la ville, la hauteur des constructions serait limitée de telle sorte que celles-ci ne puissent masquer, depuis le Parc des Sports, la vue que l'on a sur Dijon et sur les collines qui l'encadrent à l'ouest : Mont-Afrique, Notre-Dame d'Étang, butte de Talant.

Les constructions, d'autre part, seraient réservées à l'habitation, à l'exclusion des immeubles destinés au commerce de gros ou à l'industrie. Cette interdiction jouait également pour l'établissement de panneaux-réclames ou pour la peinture d'enseignes publicitaires.

Un deuxième point de vue, tout aussi pittoresque, existe de l'autre côté de la ville, en bordure de la rue des Marcs d'or, depuis une ancienne carrière abandonnée transformée en square. Le panorama qu'on y découvre s'étend du clocher de Talant aux Ateliers de Perrigny, sur 5 kilomètres environ. Dijon se présente ainsi sous un angle particulièrement séduisant avec ses quartiers de l'ouest, les Perrières, les Marmuzots, la vallée de l'Ouche.

Mais le plus beau panorama que l'on puisse admirer sans sortir du territoire de Dijon est, sans contredit, celui que l'on découvre de la rue Docteur Calmette, près de l'entrée du sanatorium de la Trouhaude. Pendant près de 200 mètres, la rue borde en corniche, du nord au sud, des terrains en contre-bas, qui, du côté de la ville, n'étaient pas encore construits en 1938. Celle-ci eut l'heureuse idée d'en acheter une parcelle et, de ce belvédère tout indiqué, la vue s'étend sur toute l'agglomération dijonnaise, depuis Talant jusqu'à Chenôve, embrassant au premier plan, sous un angle de plus de 150°, un panorama dépassant 6 kilomètres.

Pour conserver ce point de vue, les servitudes suivantes s'imposaient :
a) les terrains appartenant à la ville, en bordure de la rue Docteur Calmette ne pourraient être aliénés et seraient destinés à l'installation d'une promenade avec terrasse-belvédère ;
b) les terrains en contre-bas seraient, sur une profondeur de 250 à 300 mètres, frappés d'une servitude non altius tollendi telle que les parties les plus hautes des immeubles à construire ou des arbres à planter ne puissent dépasser un plan horizontal, coté 10 mètres plus bas que la rue Docteur Calmette ;
c) dans les autres parcelles limitrophes de la rue, des immeubles pourraient être construits à l'alignement à condition qu'entre chacun d'eux soient prévus des espaces libres destinés à ménager des vues sur la ville.
Bien entendu, l'affichage, la pose de panneaux-réclames, l'installation d'enseignes publicitaires étaient interdits dans les terrains frappés de ces servitudes.

Un programme de protection historique qui a préservé le vieux Dijon


Tous ces programmes de préservation du cachet historique de la Capitale de la Bourgogne ont permis de préserver avec succès cette belle ville dans laquelle il fait bon flâner dans les rues et les petites ruelles rendues zones piétonnières.

Toutes ses servitudes sévères n'ont pas été établies arbitrairement : leur utilité, leur nécessité étaient assez évidentes pour qu'elles puissent être accueillies avec satisfaction par l'opinion publique et par les citoyens amoureux de leur vieille ville.
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